Ayya Khema

Biographie d’Ayya Khema

Née à Berlin en 1923 de parents juifs, elle dut quitter l’Allemagne nazie en 1938 avec un transport de deux cents autres enfants et fut emmenée à Glasgow en Ecosse. Ses parents partirent pour la Chine et, deux ans plus tard, Ayya Khema les rejoignit à Shanghai. Au début de la guerre, cependant, la famille fut mise dans un camp de prisonniers de guerre japonais, et c’est là que son père mourut.


Quatre ans après la libération du camp par les Américains, Ayya Khema eut la possibilité d’émigrer aux Etats-Unis. Elle y connut la vie d’une mère au foyer entre son mari et ses deux enfants. Elle sentit que quelque chose d’essentiel lui manquait, ce fut le début d’une longue quête qui la mena en Amérique du Sud, au Pakistan, en Inde et finalement en Australie où elle rencontra la tradition bouddhiste du Theravada qu’elle reconnut immédiatement comme sienne. Elle s’y consacra entièrement et commença quelques années plus tard à enseigner elle-même la méditation à travers l’Europe, l’Amérique et l’Australie. Elle se rendit en 1979, au Sri Lanka où elle reçut l’ordination de nonne bouddhiste, sous le nom de Khema, ce qui signifie en pali « sûreté et sécurité » (Ayya voulant dire « Vénérable » pour les femmes).

En 1978, elle établit Wat Buddha Dhamma, un monastère de forêt selon la tradition Theravada, près de Sydney, en Australie. Au Sri Lanka, à Colombo, elle fonda le Centre International des Femmes Bouddhistes, centre d’entraînement pour les nonnes, ainsi que l’Ile des nonnes de Parappuduwa pour les femmes désirant s’initier à la vie religieuse. Elle rencontra un vieux maître de méditation qui lui confirma qu’elle pouvait et devait enseigner en Occident, non seulement la pratique du Vipassana — la vigilance à l’instant — , mais également les états d’absorption (c’est-à-dire des états de félicité atteints par une intense concentration) tels que pratiqués et enseignés par le Bouddha et tombés dans l’oubli. Elle s’y employa jusqu’à sa mort. Cette méthode qui permet au méditant de connaitre rapidement des états de béatitude qui l’encouragent dans sa pratique a rencontré un très vif succès en Occident, et Ayya Khema dut bientôt passer de plus en plus de temps à animer des sessions de méditation partout en Occident.


La guérilla tamoule tua, à cette époque-là, le fondateur et protecteur du centre de l’île de Parappuduwa. L’insécurité interdisant le développement du centre et la venue de postulantes occidentales, Ayya Khema décida d’accepter l’invitation qu’elle avait reçue de méditants allemands. c’est ainsi qu’elle retourna dans son pays d’origine où elle créa, en 1989, un centre de méditation : le Buddha-Haus.

Consciente des difficultés que rencontraient les femmes qui voulaient devenir nonnes bouddhistes, elle organisa en 1987 la première conférence internationale de nonnes bouddhistes dans l’histoire du bouddhisme, ce qui entraîna la création de Sakyadhita, une organisation mondiale des femmes bouddhistes. Sa Sainteté le Dalaï Lama prononça le discours d’ouverture de la conférence. En mai 1987, comme conférencière invitée, elle fut la première bouddhiste à avoir jamais pris la parole aux Nations Unies à New York. En 1988, elle reçut, par la tradition chinoise du Mahayana, l’ordination complète.

Elle a écrit de nombreux livres en anglais et en allemand sur la méditation et les enseignements du Bouddha. 
Citons : “All of us », « Here and now » et « When the iron eagle flies ». En 1988, son livre « Being Nobody, Going Nowhere » reçut le prix commémoratif Christmas Humphreys, une distinction pour la littérature bouddhiste.
En Français, un seul ouvrage d’elle a été traduit : « Etre une île. », il s’agit d’enseignements donnés lors de sessions de méditation dans l’île des nonnes de Parappuduwa.


Elle a quitté ce monde le 2 novembre 1997.

A la fin de son autobiographie, »I Give You My Life », elle écrivit ces derniers mots :

« Il y a quelque temps, une journaliste est venue nous voir au Buddha-Haus. Elle m’a demandé si la raison pour laquelle j’étais capable d’accepter si aisément ma mort était que je croyais à la renaissance.

«  Non, lui ai-je répondu, je n’espère nullement cela. On ne renaît que si le désir de renaître est là. Quand il n’y a plus le désir d’exister en tant qu’individualité séparée, en tant qu’ego, alors tout est fini. Je suis prête à lâcher une fois pour toutes. »
« Et que se passe-t-il alors », s’enquit-elle ?

« Rien, tout est fini. A ce moment-là, il n’y a plus que le Nibbana, la paix absolue qui est atteinte, la dernière, ultime et parfaite absorption. »